Qui a dit que les jeunes ne s’intéressent pas à la politique? Ce n’était certainement pas le cas au Centre social du pavillon des Humanités du Cégep de Trois-Rivières, mardi soir, où une centaine d’entre eux étaient réunis pour assister à ce qui devrait être le dernier débat d’ici le jour du vote.

Ceux-ci ont pu entendre quelques-uns des candidats sur différents enjeux qui touchent directement la clientèle étudiante. Le député sortant et candidat de la Coalition avenir Québec, Jean Boulet, ainsi que la candidate du Parti conservateur du Québec, Karine Pépin, avaient toutefois refusé l’invitation lancée par l’Association générale (AGE) du Cégep de Trois-Rivières.

Steven Roy Cullen, de Québec Solidaire, Laurent Vézina, du Parti québécois, et Adams Tekougoum, du Parti libéral du Québec étaient quant à eux au rendez-vous, tout comme Éric Trottier, de Climat Québec, qui en était à un premier débat depuis le début de la campagne.

Le candidat du Parti libéral du Québec, Adams Tekougoum, a bien défendu les positions de sa formation politique.

Chacun des candidats a pu faire valoir les différentes propositions de son parti et il y a eu peu d’accrochages au cours de la soirée, si ce n’est que les candidats du PQ et du PLQ se sont quelque peu tiraillés sur la gestion des précédents gouvernements.

Du lot, Laurent Vézina aura été le plus volubile tout au long de la soirée, dépassant souvent son temps de parole, mais faisant le mieux passer ses idées avec des mises en contexte. C’est toutefois Steven Roy Cullen qui semblait avoir l’appui d’une majorité des jeunes qui étaient présents à cette soirée.

Laurent Vézina, du Parti québécois, est celui qui a été le plus volubile, dépassant son temps de parole à plusieurs occasions.

Le thème de l’éducation a bien entendu été au cœur des échanges, alors que les candidats devaient notamment présenter les mesures qu’ils entendaient prendre pour encourager les étudiants à se diriger dans des secteurs où la pénurie de main-d’oeuvre est la plus criante.

«Il y a des programmes pour soutenir les secteurs en pénurie de main-d’oeuvre qui financent des bourses d’études. Par exemple, le baccalauréat en travail social est soutenu, mais les techniciens en travail social ne le sont pas. Il faut élargir ce programme-là et l’offrir à tous les secteurs où il y a une pénurie de personnel. Il faut être guidé par le principe d’équité dans le soutien que l’on offre aux étudiants pour les secteurs d’avenir», a plaidé d’entrée de jeu le candidat de Québec Solidaire, Steven Roy Cullen.

«Nous pensons qu’il faut bonifier ce programme et l’élargir à tous les secteurs, parce que la pénurie de main-d’oeuvre est quasiment généralisée, a enchaîné le candidat du PLQ, Adams Tekougoum. Si ce n’est pas généralisé, ça permet une migration des personnes qui sont dans des secteurs où il y a des incitatifs. Ça délaisse les secteurs dans lesquels il n’y a pas d’incitatifs. (…) Il faut aussi passer à la robotisation et à l’automatisation pour augmenter la productivité et réduire les besoins en main-d’oeuvre.»
Steven Roy Cullen, de Québec Solidaire, est celui qui semblait avoir le plus de partisans dans la salle.

Le candidat du Parti québécois s’est également dit d’avis qu’il faut élargir les programmes d’encouragement, mais il estime que les jeunes n’ont pas à faire leur choix de carrière pour corriger les lacunes de mauvaise gestion gouvernementale des 20 dernières années. «Ce n’est pas à vous de devenir pompier plutôt qu’ingénieur parce que nous avons mal géré, a plaidé Laurent Vézina. Comme le Parti libéral a mis le Québec à feu et à sang avec le tableau Excel de Carlos Leitao pendant des années, on s’est retrouvé avec des manques partout. Il y a eu zéro planification et on dirait qu’aujourd’hui on découvre le monstre.»

Éric Trottier, de Climat Québec, n’est toutefois pas de cet avis. «Je n’aurai pas une réponse populaire au Cégep de Trois-Rivières ce soir, mais je limiterais l’accès aux programmes dans lesquels beaucoup d’étudiants s’inscrivent et pour lesquels il n’y a pas de débouchés d’emplois ou très peu et j’ouvrirais plus les programmes où il y a beaucoup de pénurie de main-d’oeuvre, avec des incitatifs, pour les forcer indirectement à aller vers ces programmes-là en premier», a-t-il soulevé.

Éric Trottier, de Climat Québec, a accepté l’invitation de l’AGE à la dernière minute.

Le débat a aussi été l’occasion d’entendre les candidats parler de la reconnaissance des acquis pour les étudiants internationaux et de l’accès aux soins en santé mentale pour les personnes à faible revenu et pour les étudiants.

L’enjeu de l’environnement a été celui qui a été le plus applaudi par les jeunes qui étaient sur place, alors que les candidats devaient se prononcer sur les mesures à prendre pour s’assurer que les entreprises polluantes respectent les normes. L’immigration et le racisme systémique ont également été abordés durant les échanges.

À la fin du débat, les jeunes ont également pu lancer quelques questions aux différents candidats. Ceux-ci sont revenus sur la pertinence de faire la souveraineté dans un contexte d’urgence climatique, les moyens pour contrer l’inflation, un accès plus régulier au transport en commun à Trois-Rivières, la défense des droits de la communauté LGBTQ+ ou encore si le système capitaliste est viable pour l’économie du futur.

Rappelons que pour favoriser la participation des étudiants, le vote par anticipation se poursuit dans les établissements d’enseignement postsecondaire de la circonscription de Trois-Rivières soit à l’UQTR, au Cégep de Trois-Rivières, au Collège Laflèche et au Centre de formation professionnelle (CFP) Bel-Avenir, mercredi, de 9h à 20h, et jeudi, de 9h à 14h.

Article de Stéphane Lessard, Le Nouvelliste, 28 septembre 2022

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