Le partenaire idéal, c’est l’idée qu’on se fait d’une personne qui fitterait parfaitement avec nous. Déterminé en fonction de critères et besoins précis qui nous sont propres, ce sont ses caractéristiques, qualités, intérêts, préférences, manières de faire, habitudes, etc. Cet idéal teint notre recherche de partenaire inévitablement.
ILS VÉCURENT HEUREUX ET EURENT BEACOUP D’ENFANTS.
On souhaite que le partenaire choisi soit le dernier, celui avec qui nous serons heureux toute notre vie. Il devient crucial de faire le bon choix si c’est pour le reste de notre vie.
Renata Salecl, sociologue et philosophe, parle des choix qui s’offrent à nous, du stress à envisager toutes les possibilités et l’angoisse de se tromper. Elle dit dans son livre La Tyrannie du choix :
« Le choix en amour est aujourd’hui particulièrement problématique, dans la mesure où nous courons toujours après le partenaire idéal. Il arrive que la quête de l’amour obéisse au même processus que la recherche d’un opérateur téléphonique: des changements à répétition, grevés chaque fois qu’on a fait son choix du sentiment que l’on a peut-être manqué une meilleure offre. »
Alors comme pour les opérateurs, on peut tenter de le magasiner.
Toutefois, une relation est bien plus qu’un forfait téléphonique :
Premièrement, elle ne se compare pas nécessairement. Chaque relation est unique aux personnes qui la composent. Il serait malhonnête de vouloir (ou d’avoir l’attente de) revivre une chose, vécue dans le passé avec une personne x, aujourd’hui avec une personne y.
Deuxièmement, elle se découvre. Avec le temps, elle peut devenir prévisible, révéler une facette malsaine; elle peut nous faire fleurir comme nous faire régresser. C’est un temps qu’il faut prendre pour découvrir tout le potentiel qu’une relation possède, à répondre à nos besoins.
Enfin, les relations mutent. « À la vie, à la mort » n’est plus d’usage, et comme les mariages : les contrats peuvent être brisés. De nature amicale, ensuite amoureuse puis gardée amicale. Il y a des gens pour lesquels j’éprouverai de l’affection toute ma vie. Leur apport à la personne que je suis aujourd’hui a été si grand ; l’échange si significatif. C’est un sentiment qui ne peut être éprouvé envers un service téléphonique.
La recherche du partenaire idéal finalement, c’est aspirer à ce qu’un conte de fées se réalise. Ce sont des attentes très exigeantes et lourdes à faire porter sur quelqu’un.
À force d’imposer ces attentes à quelqu’un, il est difficilement envisageable d’être heureux. Il est inévitable que l’un sente imposteur, pas à la hauteur, pas aimé à sa juste valeur, frustré, incompris, et/ou que l’autre se sente impatient, fatigué ou déçu.
L’idée rigide du partenaire idéal, c’est elle finalement qui nous fait manquer quelque chose. À se projeter trop dans le futur, on angoisse dans l’appréhension et s’empêche de vivre pleinement le présent. Abandonnez le rêve que ça doit durer toute une vie: ça dura le temps que ça dura. Lâchez-prise. D’ici là, nous évoluerons, grandirons et savourons le moment présent ensemble.
Ce texte a valu à Gabrielle Massicotte le premier prix du concours Femmes philosophes, organisé dans le cadre de la semaine de la philosophie. La photo de l’article, provenant de la même artiste, a aussi gagné un concours pour la même occasion, soit celui de Photo-philo (3ème place). C’est avec générosité que Mme. Massicotte a accepté que La Gifle publie ses chef-d’œuvre. De la part de toute l’équipe de la Gifle, nous la félicitons!
Nous tenons à remercier le Comité organisateur de la Semaine de la Philosophie et ses donateu.rice.s : Mme Naïma Hamrouni, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en éthique féministe, M. Jean-Marie Debays, ancien professeur du département de philosophie du Cégep de Trois-Rivières et la direction du Cégep de Trois-Rivières.
Un grand merci aux membres du jury: Mme Naïma Hamrouni, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en éthique féministe, M. Jean-Marie Debays, ancien professeur du département de philosophie du Cégep de Trois-Rivières et la direction du Cégep de Trois-Rivières.