Tombée entre les mailles du filet

Par : Catherine Lalande

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Je suis lesbienne.

Ce n’est pas par choix, par but d’être révolutionnaire ou par simple caprice. On naît lesbienne. La seule décision qui me reste à prendre est de déterminer si le bonheur d’être amoureuse vaut le prix d’être exclue de la société.

Nulle n’est l’utilité de le nier, nous vivons dans un monde patriarcal : pensé par et pour les hommes[2]. Ainsi, comme mentionné plus haut, la femme et l’homme forment un tout. La lesbienne tombe entre les mailles du filet, est oubliée et exclue. Lorsqu’elle s’affiche, elle est reçue par des réactions violentes de la part des hommes[3]. Effectivement, dans un monde où tout leur est dû, qui est-elle pour leur dire non? Cette haine, il est facile de s’y habituer. Elle semble raisonnable, bien qu’inacceptable, étant donné la situation. Cependant, le morceau le plus dur à avaler vient des nôtres, c’est-à-dire des autres femmes. Alors que les luttes féministes font la promotion directe d’une décentralisation du patriarcat dans la vie quotidienne, que ce soit en rejetant les idées préconçues sur l’expression de genre ou sur les rôles attribués à ceux-ci, les lesbiennes se retrouvent encore une fois exclues de la conversation[4].

Nous sommes perçues par les femmes hétérosexuelles comme chanceuses de ne pas avoir à interagir avec notre oppresseur commun, comme si l’incapacité d’être amoureuse d’un homme signifiait qu’ils n’existent plus. Elles ne comprennent pas que la tendresse des relations lesbiennes vient avec le prix de l’hostilité extérieure. Il est inutile d’argumenter : celle qui n’a pas marché dans nos souliers ne peut comprendre l’ampleur des altérations sur nos relations extrapersonnelles.

« L’homme et la femme sont tellement uns, que si l’homme est plus que la femme, la femme est plus que l’homme. »

Bien qu’elle ait utilisé ces propos afin de montrer que l’homme et la femme sont de la même espèce, Marie de Gournay illustre ici un paradoxe intéressant : le rôle de la femme est intrinsèquement lié à celui de l’homme. En effet, qu’est-ce qu’une femme, sinon la relation qu’elle a avec l’homme? Qu’est-ce qu’une femme qui n’est pas une mère, une épouse, une amante? Qu’est-ce qu’une femme lorsque son intérêt n’est pas de combler son présumé contraire, mais de chérir ses semblables? Une lesbienne n’est rien du tout.

Que ce soit parmi les hommes ou les femmes, la lesbienne n’est rien.

Ce texte a valu à Catherine Lalande le troisième prix du concours Femmes philosophes, organisé dans le cadre de la semaine de la philosophie. De la part de toute l’équipe de La Gifle, nous la félicitons!

Nous tenons à remercier le Comité organisateur de la Semaine de la Philosophie et ses donateu.rice.s : Mme Naïma Hamrouni, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en éthique féministe, M. Jean-Marie Debays, ancien professeur du département de philosophie du Cégep de Trois-Rivières et la direction du Cégep de Trois-Rivières.

Un grand merci aux membres du jury: Mme Naïma Hamrouni, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en éthique féministe, M. Jean-Marie Debays, ancien professeur du département de philosophie du Cégep de Trois-Rivières et la direction du Cégep de Trois-Rivières.

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