Par Nathan Dubé
Comment pourrais-je commencer cet article en toute légèreté sachant le délicat sujet qui y sera abordé? Je ne peux tout simplement pas. Lorsqu’on touche aux bases d’une religion, on peut s’attendre à une levée de boucliers pour défendre les valeurs morales que celle-ci peut prôner. Pourtant, qui, même avec une foi de fer, peut prétendre pouvoir défendre des actes aussi cruels? Comme il est écrit dans la bible au proverbe 3 verset 29 : « Ne médite pas le mal contre ton prochain alors qu’il habite en toute confiance près de toi ». Malheureusement, les nombreux scandales sur des cas d’abus sexuels sur mineurs par des prêtres de l’Église catholique viennent souiller ce proverbe. Certains pourraient dire que ce sont des cas isolés et à part. Cependant, comment peut-on dire que ce sont des cas isolés lorsqu’on n’a pas assez de doigts pour les calculer?
Avec tous ces témoignages, toutes ces preuves et tous ces rapports qui commencent à émerger, on a l’impression que c’est un phénomène naissant. Néanmoins, il n’en est guère le cas. L’Église a seulement su bien recouvrir ses traces. En effet, lors d’un sommet au Vatican sur les abus sexuels cette semaine, le cardinal allemand Reinhard Marx a déclaré que l’Église avait détruit des dossiers sur des cas d’abus sexuels pour éviter aux responsables de quelconques sanctions. Est-ce surprenant? Pas du tout! Depuis l’éclatement de nombreux scandales aux États-Unis dans les années 80 sur des prêtres pédophiles, l’Église a toujours fait attention à protéger ses fidèles. Tu as causé du tort? Oh! Méchant garçon! Nous allons t’envoyer te repentir dans le parloir ou encore mieux! Nous allons t’envoyer dans un autre diocèse pour que tu continues ton bon travail.
Excusez-moi ce passage satirique, mais il m’est inconcevable de penser que, depuis des décennies, l’Église, celle qui prône des valeurs d’amour et de respect, puisse permettre ce genre d’atrocités. Certes, certains diront que le pape François condamne les abus sexuels et qu’il a congédié des centaines de prêtres étant suspectés. Et croyez-moi, je suis favorable aux changements qui sont en train de se produire au sein de la structure ecclésiastique catholique, mais est-ce suffisant? Revenons sur le sommet au Vatican. Le pape a affirmé que les cas d’abus sexuels n’étaient pas exclusifs à la religion, puisqu’ils sont aussi présents dans la sphère familiale ou sociale. Je ne sais pas pour vous, mais dans mon milieu, on n’appelle ça rediriger le problème pour éviter d’en assumer les pleines conséquences. Il est vrai que l’intention derrière le discours est respectable, mais il ne répond pas aux attentes de tout le monde et, surtout, pas à celles des victimes. On se concentre beaucoup sur les coupables, mais il y a peu de place pour ceux qui ont souffert dans l’ombre et qui, aujourd’hui, n’attendent qu’une seule chose : que les démons qui hantaient leurs rêves soient bannis.