Par Augustin Levesque-Mongrain
Longtemps passée sous le silence des médias occidentaux, la République Démocratique du Congo ou communément appeler RDC vit depuis plusieurs années une crise dans l’Est et dans le Sud de son pays. Ces régions ont l’une des plus grandes réserves mondiales d’or, de cobalt, d’étain et d’autres métaux rares. Pour bien comprendre le marasme politique et social de cette partie du globe, faisons un retour temporel.
Le découpage de l’Afrique en 1885 lors de la conférence de Berlin a eu un fort impact sur la population locale. En effet, Léopold II, roi de Belgique se voit attitrer par le territoire congolais qui va lui appartenir personnellement. L’influence dominatrice occidentale de l’époque se fait ressentir ; les populations locales seront forcées à travailler et mises en esclavage. Ensuite, vient une longue période coloniale qui durera presque 60 ans qui permettra à la Belgique d’imposer sa vision dans les terres congolaises. C’est le 30 juin 1960 que la RDC devient indépendante. Après une courte période démocratique sous l’effigie de Patrice Lumumba, le militaire Mobutu prend la tête du pouvoir et y installe une dictature. Ce n’est qu’en 1997 avec le soutien de l’armée que Laurent Kabila prend le pouvoir. Corrompu, il sera tué en 2001 et c’est son fils qui reprendra le pouvoir, Joseph Kabila.
Bref, depuis plus de 120 ans, le pays a été plongé dans l’esclavagisme, le colonialisme à outrance, la corruption et la guerre. De cela, découle une instabilité dans plusieurs domaines. L’armée ainsi que la défense de la population font lacune dans ce pays. C’est ce qui a mené à des atrocités comparables à celles vécues par les Tutsis en 1994, au Rwanda. En effet, depuis le début des guerres du Congo et des massacres de masses, la population a subi plusieurs millions de morts. Il est question de génocide.
La région du Kivu, endroit où la guerre fait rage depuis 2004 a été ponctuée de traités de paix. Malheureusement, cela n’a rien changé. L’enjeu principal de cette région de l’Est du pays est évidemment l’extraction de ressources minières rares. C’est là qu’entrent en jeu les seigneurs de guerres, ceux-ci sont à la tête de groupes armés ou milices de plus ou moins grande taille. Ceux-ci veulent avoir le contrôle de l’extraction des minerais. Cette région administrative du pays est limitrophe avec l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi. De ce fait, sa situation géographique la rend très instable; les milices voisines, comme la FDLR, veulent, elles aussi, une part des mines congolaises qui rapportent énormément d’argent. Elles perpétuent des gestes illégaux afin de pouvoir atteindre leurs objectifs politiques et ce, au détriment de la population locale du Kivu et des régions du Sud qui sont touchées par le même fléau. Des millions d’hommes sont massacrés et des femmes sont violées. Des enfants, souvent venus de milieux très pauvres, sont enrôlés par ces clans et deviennent après un bref entrainement, de la chair à canon et des machines à tuer sans pitié. Dû à leur jeunesse, ils sont beaucoup plus facilement influençables.
Les enfants et les adolescents sont aussi utilisés dans les mines comme main-d’œuvre puisqu’ils rapportent aux revendeurs, souvent les chefs des milices, les minéraux. Ces hauts placés les distribuent dans des comptoirs qui eux, passent sur la scène internationale et expédient les métaux aux fabricants qui proviennent surtout de l’occident.
En 2016, Amnistie International, organisme qui milite pour les droits humains partout à travers le globe, a recommandé aux compagnies multinationales telles que Apple, Samsung et LG de faire attention à la provenance des minéraux utilisés pour leurs appareils. Ceux-ci pourraient découler de mines illégales contrevenant aux droits de l’humain. Des fondations telles que celle de l’artiste belge, originaire de Kinshasa Damso, ont été créées pour venir en soutien aux populations locales victimes de ce conflit.
Encore aujourd’hui, les régions du Kivu et de la République Démocratique du Congo sont prises avec de graves problèmes internes. Bien qu’un nouveau gouvernement dirigé par Felix Antoine Tshisekedi soit arrivé au pouvoir par la voie démocratique, certains, comme son adversaire politique Martin Fayulu, rejettent le résultat du scrutin. Celui-ci serait, selon lui et plusieurs associations, comme le CENCO, truqué. Nouveau gouvernement, nouvelle corruption…
La guerre des minerais fait toujours rage dans la région du Kivu ainsi que dans le Sud du pays. Bien qu’il y ait l’intervention des Casques bleus, cela est insuffisant pour arrêter les atrocités commises dans ce territoire devenu hostile.