Concours d’écriture « Femmes philosophes – Texte d’Amélia St-Louis

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Concours d’écriture « Femmes philosophes »

Pour une sixième année, les étudiants du Cégep de Trois-Rivières ont participé à un concours de rédaction d’une réflexion philosophique à partir de citations de femmes philosophes. Ce concours leur permet à la fois de développer leur pensée philosophique dans une rédaction de style libre et de connaître une partie de l’immense contribution des femmes à l’histoire de la philosophie, bien que celles-ci soient encore écartées des cursus traditionnels d’enseignement de la philosophie.

Justine Viviers, étudiante en Histoire et civilisation, a remporté le premier prix pour sa réflexion à partir de la citation suivante de Simone Weil : « Jamais, en aucun cas, je ne consentirai à juger convenable pour un de mes semblables, quel qu’il soit, ce que je juge intolérable pour moi-même. » Le deuxième prix a été décerné à Amélia St-Louis, étudiante en Sciences, lettres et arts, pour sa rédaction construite à partir de la citation suivante d’Éliette Abécassis : « Si le féminisme a été un progrès incontestable de la condition féminine, il y a eu des effets pervers qui plongent la femme dans une situation historiquement inédite. La société lui inflige le défi quotidien d’être la femme parfaite, l’épouse parfaite, la mère parfaite, la salariée parfaite, le corps parfait. Rien ne lui est pardonné, tout lui est demandé et reproché. » Catherine Lejeune, étudiante en Soins infirmiers, a remporté le troisième prix pour sa réflexion basée sur une citation de Rosa Luxembourg : « Il n’y a pas de liberté pour personne s’il n’y en a pas pour celui qui pense autrement. »

Ce concours s’inscrit dans le cadre de la Semaine de la philosophie organisée par le département de philosophie du Cégep de Trois-Rivières. Malgré la pandémie, les professeurs de ce département ont perpétué la Semaine de la philosophie pour une 9e édition, entièrement en ligne cette fois. Les activités de cette semaine ont connu une fois de plus un grand succès : plus de 500 personnes ont participé à l’une ou l’autre des activités offertes entre le 22 et le 26 février 2021.

Le département de philosophie tient à remercier René Villemure, qui permet, grâce à son soutien à chacune des éditions depuis 2017, d’offrir 400$ en bourses aux gagnantes du concours. Un grand merci au Carrefour numérique du Cégep de Trois-Rivières pour son soutien dans la mise en ligne du concours. Félicitations aux gagnantes!

Les membres du Comité organisateur de l’édition 2021 de la Semaine de la philosophie

Par Léonie Cinq-Mars

Texte d’Amélia St-Louis

Les dentellières

« Si le féminisme a été un progrès incontestable de la condition féminine, il y a eu des effets pervers qui plongent la femme dans une situation historiquement inédite. La société lui inflige le défi quotidien d’être la femme parfaite, l’épouse parfaite, la mère parfaite, la salariée parfaite, le corps parfait. Rien ne lui est pardonné, tout lui est demandé et reproché. »

-Éliette Abécassis

La condition féminine, c’est-à-dire la position des femmes dans l’organisation sociale, est un sujet qu’Éliette Abécassis aborde avec passion. Scénariste, femme de lettres et réalisatrice, Abécassis, dans son livre Le Corset invisible, dénonce les injustices et pressions que subissent les femmes. Elle pointe du doigt les lacunes de notre société qui ont d’immenses répercussions sur la vie de celles-ci. Elle ose dire tout haut ce que toutes pensent tout bas.

Le masculin l’emporte sur le féminin. On appelle « elles » un groupe de cent femmes. Toutefois, à l’instant où un homme s’y joint, il devient obligatoire de les nommer « ils ». Il s’agit d’une des premières règles que les filles, tout comme les garçons, apprennent dès l’entrée à l’école. En d’autres termes, on inculque aux enfants que les hommes sont supérieurs aux femmes et ce, au début de leur phase d’apprentissage. Comment pense-t-on être en mesure de dire aux femmes qu’elles sont libres dans une société où la misogynie est ancrée jusque dans ses plus profondes racines? La vérité est que les femmes n’en feront jamais assez. Elles ne seront simplement jamais à la hauteur, car, selon nos lois grammaticales, un seul homme vaut plus que l’ensemble des quasi 4 milliards de femmes qui occupent cette planète. Les quelques courageuses qui osent marcher la tête haute sont rapidement descendues de leur nuage de rébellion, tombant souvent plus bas qu’elles étaient au départ. D’une sourde oreille, on leur fait croire qu’elles sont libres de parler, de penser. Pendant ce temps, chacun de leurs mouvements est analysé. On leur impose de franchir la frontière séparant le possible et le surhumain. Comment réussissent-elles à prendre leur place et à demeurer au piédestal où se retrouvent les hommes? La réponse est fort simple: elles n’y arrivent pas. Que font-elles alors? Elles cèdent et participent aux attentes et désirs destructeurs des hommes. Elles font tout ce qui est en leur pouvoir afin d’atteindre l’excellence exigée par ceux-ci. Il s’agit de l’ultime espoir alimentant leur secret désir de liberté et d’égalité qu’elles possèdent.

Ainsi, les femmes sont telles des dentellières; elles fignolent avec minutie un impeccable réseau de caractéristiques et comportements, particulièrement sélectionnés pour satisfaire le sexe opposé. Chaque fil, chaque nœud, chaque motif nécessite la perfection. Leur complexe labeur est observé, critiqué, jugé. Un seul faux geste, tous remarquent l’erreur. Les hommes, sans même pouvoir s’imaginer la difficulté de la tâche qu’ils leur imposent, profitent de leur domination immorale et s’entrelacent dans ce fragile produit. À la merci de ceux qu’elles ont engendrés, les dentellières travaillent silencieusement, discrètement. Chacun des innombrables fuseaux qu’elles doivent diriger simultanément demande un effort constant, voire permanent. Elles n’ont d’autre choix que d’y concentrer la totalité de leur énergie. Ainsi, la quête de la perfection empêche les femmes de se révolter et de prendre la place qui leur est due dans ce monde.

-Une dentellière parmi tant d’autres

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