Par Patricia B. Lavoie
En ce moment et jusqu’au 8 septembre 2019, à l’Espace Jeanne-Vanasse du pavillon des Sciences, est exposé l’un des plus récents projets collectifs de l’atelier Presse Papier : Unicité/diversité. Sa commissaire québécoise, Frédérique Guichard, ainsi que ses homologues belges Vincent Meessen Bovy et Amalia de Lorenzi, l’expliquent comme suit : « Unicité/Diversité est né principalement d’un souhait commun de susciter des échanges tant sur les pratiques artistiques privilégiées par les deux collectifs que dans la pertinence des
propos à confronter et conjuguer à travers celles-ci. » Ainsi, chaque artiste y participant a imprimé un premier motif en tirage de cinq exemplaires, et chacun a choisi les impressions sur lesquelles il souhaitait ajouter une intervention. Les artistes québécois sont membres de l’atelier trifluvien ; les autres sont des artistes liégeois, membres de l’atelier Impression (S).
Comme je connais la majorité des artistes qui y ont participé, je reconnais dans cette exposition des éléments visuels récurrents dans leur pratique. Ainsi Virginie Parr (Presse Papier), dans son style très proche de l’illustration, tout en contours et en aplats, mélange-telle humanité et botanique. Chantal Hardy (Belgique), quant à elle, nous montre une fois de plus ses traits cathartiques ; dans un processus à la fois libérateur et créatif, elle grave dans le métal son état émotionnel. On retrouve également dans ce projet les nids d’un bleu désaturé d’Aline Beaudoin (Presse Papier) ; cette couleur précise lui est propre, tout comme le motif du nid et les bateaux que l’on voit un peu plus loin dans la visite. . Frédérique Guichard (Presse Papier) imprime encore ici ses oiseaux, qui sont une fois de plus le support d’une narration à développer par l’observateur : à celui-ci appartient de
créer une histoire, à l’aide d’indices plus ou moins explicites. Suzie Allen (Presse Papier) explore toujours le domaine végétal, cette fois-ci d’une façon plus estompée, plus adoucie, que ce qu’on lui connait. Valérie Morrissette (Presse Papier), finalement, illustre la mémoire et le passage du temps, en utilisant pour la représentation de ces concepts des bâtiments historiques ou visiblement
usés.
L’exposition Unicité/Diversité porte donc son nom à merveille : ce qui est unique à chacun des artistes se mélange, d’abord dans chacune des œuvres individuelles, puis dans la totalité du projet, pour former ultimement un ensemble représentatif de la diversité des pratiques
actuelles qui peuplent l’univers de l’estampe contemporaine.
C’est d’ailleurs là la mission de l’atelier Presse Papier. Dans un premier temps, cet atelier est un centre d’artistes autogéré, qui donne non seulement accès à ses membres aux installations nécessaires à la pratique de l’estampe (gravure sur bois, linoléum et cuivre ; lithographie,
sérigraphie, etc.). De plus, il a aussi pour principal avantage de former un regroupement local d’artistes professionnels adeptes de cette discipline, en réseautage avec les milieux de diffusion ainsi que les organismes artistiques et culturels dans la région et hors de celle-ci. Le centre de diffusion Presse Papier, situé à l’intérieur du centre d’artistes, permet au public l’accès à des pratiques contemporaines issues de partout dans le monde.
L’atelier présente aussi en ce moment l’exposition La cuisine du graveur à la Galerie R3 de
l’UQTR afin de célébrer du quarantième anniversaire de Presse Papier. Quinze artistes
membres de l’atelier y exposent des œuvres qui rappellent la cuisine domestique, tout en
montrant d’une façon ludique, le monde propre à l’estampe. La cuisine du graveur demeure
accessible au grand public jusqu’au 11 septembre.