Par Augustin Levesque-Mongrain
Quand les deux «ZZ» sont alignés de cette façon, cela fait penser au trio des «ZZ TOP». Cependant, aujourd’hui, ce n’est pas le son de la guitare ou celui de la batterie qui se fera entendre mais bien les aventures de Bernie Gunther qui prennent place à Zurich et à Zagreb. Le célèbre détective de Philip Keer apparaît pour une dixième fois dans «La Dame de Zagreb», une autre des épopées fictives prenant comme cadre spatio-temporel l’Allemagne Nazie. Bien entendu, tout n’est pas toujours noir ou blanc, le mot fictif prend tout son sens dans les actions commises par les personnages réels et inventés. En revanche, la chronologie et le contexte historique sont respectés à merveille par l’auteur. Bien que je ne sois pas un expert du nazisme, le défunt romancier vient habilement reproduire sur papier les traits physiques et psychologiques des personnages historiques utilisés pour ce thriller policier. Il est possible d’apprécier le travail de recherche que lui et son équipe ont fait pour ce roman durant l’entièreté de celui-ci. En passant par Joseph Goebbels, le docteur au pied bot, jusqu’à l’état indépendant de la Croatie et le camp de Jasenovac, on constate assez rapidement que rien n’est laissé au hasard dans cet opus.
Telle une voiture en panne, ce roman prend plus d’une centaine de pages avant de réellement démarrer. Le romancier met l’accent sur des cas secondaires auxquels Gunther doit faire face. Cependant, ne vous inquiétez-pas, le nœud est beaucoup plus axé sur cette fameuse dame de Zagreb. Cette mystérieuse femme est une actrice célèbre nommée Dalia Dresner. Ce personnage fictif est grandement inspiré de Hedy Lamarr, actrice célèbre des années 40 dotée d’une intelligence hors du commun et d’une beauté époustouflante. C’est pendant l’été 1943, alors que les nazis voient leurs chances de gagner cette guerre se réduire considérablement, que Dalia, d’origine croate, va amener indirectement le policier Gunther dans le pays d’origine de cette femme fatale afin de trouver un homme mystérieux, plus précisément un Oustachis. Les Oustachis sont le groupe militaire à la tête du territoire croate durant l’occupation nazie. Tout comme leur compatriote d’Allemagne nazie, les Oustachis vont régner d’une poigne de fer sur ce nouvel état qui est malheureusement antisémite. Le deuxième Z, la ville de Zurich, est le cadre choisi par M. Kerr pour un brouhaha de péripéties qui amène Gunther et Dresner dans l’incompréhension et la surprise, tantôt dans la rage et la violence, et parfois même, dans la tendresse et la sensualité. Parmi tout cela, il ne faut pas oublier Berlin, le théâtre de l’acte final.
Bien qu’un peu ennuyeux dans ses débuts, cet ouvrage mérite que l’on lui donne une réelle chance. Moi-même, j’ai pensé arrêter la lecture après une centaine de pages. Ne vous découragez pas, la petite brique de 500 pages contient beaucoup de rebondissements qui sauront vous garder en haleine durant une longue période. Il suffit de lui donner un peu de temps afin qu’elle révèle ses secrets les mieux enfouis. Vous ne serez pas déçus d’avoir attendu. N’oubliez pas, la patience est une vertu !