Par Augusin Levesque-Mongrain et Olivier Leblanc-Beaudry
Première question : Le gouvernement Trudeau passe de majoritaire à minoritaire : Quelles sont les répercussions sur le changement du jeu politique à Ottawa ?
M.Tessier a exprimé le fait que Trudeau devra être plus prudent à la Chambre des Communes, mais qu’il a un appui presque systématique de la part du NPD puisqu’ils se rejoignent beaucoup sur des questions sociales, environnementales et même économiques. Cependant, plusieurs accrochages entre les deux partis sont à prévoir.
Leur minorité peut être vue comme un avantage, puisque les autres partis d’oppositions, soit les conservateurs, les bloquistes, les verts et la député indépendante Jody Wilson-Raybould n’ont pas une majorité de sièges suffisants pour barrer la route au PLC et NPD.
L’enseignant rappel qu’un scénario semblable s’est produit en 1972 lorsque Pierre Trudeau du Parti Libéral, fut élu minoritaire et avait dû composer avec le NPD.
Sur le sujet de la laïcité, l’élection de députés bloquistes aura comme effet de rendre plus discret le gouvernement Trudeau. Malgré cela, celui-ci devra bientôt se prononcer sur cette question puisque selon M. Tessier, la Cour Suprême a tendance à rapidement rendre un jugement en matière de Droits et Libertés. Donc, le gouvernement devra se positionner face à cela durant son mandat. Cette position pourrait lui nuire au Québec puisque M. Trudeau n’est pas en faveur de cette loi, ainsi, cela pourrait donner le vent dans les voiles au mouvement nationaliste québécois.
Deuxième question : Comment est-ce que l’on peut expliquer la vague bloquiste au Québec?
Premièrement, M. Blanchet a bien manœuvré avec la question de la laïcité. Il l’a tourné en son avantage puisqu’il faut se rappeler que des sondages mettaient à 70% le degré de satisfaction des québécois face au projet de loi 21. Cependant, malgré le fait que le Bloc soit la 2e opposition, il ne détient pas la balance du pouvoir qui revient au NPD. Simplement puisque le Bloc n’a pas beaucoup d’affinités avec le PLC de Justin Trudeau bien que les deux formations politiques pourraient s’entendre sur certains points. Cela est dû à l’historique entre les deux partis qui sont des opposées politiques sur la question référendaire québécoise. Depuis le début de la formation du Bloc Québécois, ces deux partis ne s’aiment pas.
Pour le Bloc, M. Tessier rappelle le bon timing du chef, qui a su sauver son parti après la catastrophe causé par le passage de Martine Ouellette. Le bloc a été astucieux, un brin chanceux, intuitif et opportuniste, notamment avec la loi 21 comme mentionné ci-dessus. « Les planètes étaient bien alignées » c’est ainsi que Pierre Tessier décrit cette vague bleue poudre sur la carte québécoise. De plus, l’invité nous rappelle que ce ne sont pas que des souverainistes qui ont votés bloc. Il y a aussi des nationalistes et même des fédéralistes alors selon lui, ce n’est pas une renaissance systématique de l’idée de souveraineté au Québec.
Troisième question : Dans l’Ouest du pays, on a vu après l’élection d’un gouvernement libéral à Ottawa l’émergence de mouvement tel que le Wexit. Qu’en pensez-vous ?
Le doyen du département des Sciences Politiques balaie de la main ce mouvement qu’il décrit comme étant un mouvement de protestation dû à une insatisfaction de certaines personnes. D’un point de vue géopolitique, M. Tessier apporte une analyse intéressante ; Ce futur État serait enclavé entre des provinces canadiennes et américaines sans aucun accès à la mer.
Concernant la défaite conservatrice, l’enseignant souligne que Jason Kenney, Premier Ministre de l’Alberta, serait un candidat vedette à la futur succession de M.Scheer. Malgré le fait que le chef conservateur n’ait pas démissionné, M. Tessier croit que les membres du Parti Conservateur vont lui montrer la porte lors du congrès du parti qui aura lieu au printemps 2020, bien que le chef soit confiant quant à son avenir dans le parti. Notre invité fait un comparatif avec Lucien Bouchard, lui qui est parti de la scène fédérale pour aller gouverner la province de Québec en 1996 avec le Parti Québécois
Pierre Tessier explique que la contreperformance du chef conservateur lors des débats télévisés a nui à sa campagne politique. M Scheer n’a pas su trouver de bons arguments face aux attaques des chefs de partis et plus particulièrement à ceux de Justin Trudeau. Sur la question de l’avortement, Andrew Scheer s’est fait coincer en avouant qu’il était pro-vie. M. Tessier dénigre le manque de passion dans la campagne de M.Scheer. Celle-ci a été faite sans proposer de réel projet de société comparativement à son adversaire du NPD.
L’enseignant souligne un point important, lorsqu’est venu le temps de voter, les gens ont préféré voter stratégiquement afin de barrer la voie aux conservateurs plutôt que de voter pour le NPD. Les libéraux ont brigué le vote progressiste pour bloquer les conservateurs. D’un autre côté, certaines personnes voulant que Justin Trudeau quitte ses fonctions ont votés conservateurs même si ce n’est pas leur tasse de thé.
Selon notre invité, les personnes qui ont voté pour le Bloc ne sont pas des votes stratégiques mais un vote de cœur. Les nationalistes/souverainistes ont voulu un parti qui représente leur intérêt à Ottawa, mais surtout qu’ils disent haut et fort ce que pense les québécois, notamment en ce qui concerne la loi 21.
Question numéro quatre : Que pensez-vous de la défaite de l’ancien maire Yves Lévesque ?
Les sondages le mettaient en avance, Scheer a commencé sa campagne à Trois-Rivières. En revanche, il a été victime de la vague bloquiste mais cette victoire n’est pas convaincante selon M. Tessier. De plus, il déplore aussi le résultat dans la circonscription voisine de Berthier-Maskinongé, qu’il vit comme une « injustice » envers Ruth Ellen Brosseau qui faisait un excellent travail selon lui.
