La vie est un itinéraire de la naissance à la mort, entre son début et sa fin, où la manière de concevoir ce cheminement détermine les conditions de ce dernier. Le but de la vie consiste uniquement à l’entretenir dans le meilleur état, le plus longtemps possible, afin d’avoir la chance d’accomplir ce qui est désiré. Avec un potentiel presque illimité, il est possible de s’éloigner, voire de se perdre dans ce cheminement, malgré l’impression d’avancer constamment; la détresse de ne pas comprendre ce qui se produit laisse alors impuissant de son destin. Longtemps guidés par une forme d’autorité, les enfants suivent les directions de leurs parents, jusqu’à l’atteinte de la maturité où la responsabilisation est caractérisée par une augmentation de la liberté d’action quant à leur propre sort. Bien que la remise en question des expériences passées soit inévitable à la définition identitaire, ceux qui ont eu la chance d’avoir de bons modèles n’ont qu’à reproduire ce qui leur a été montré; les autres, insatisfaits de leurs apprentissages, doivent travailler davantage pour se construire des habitudes en accord à leurs ambitions.
Le désir d’ajustement de son parcours nécessite une liberté quant à l’élaboration de la direction qui donne un sens à la vie, et cette autonomie s’acquiert par la compréhension des différents systèmes qui dévient la trajectoire. En effet, l’esprit critique permet l’analyse scientifique, afin d’être en mesure de quantifier les différents comportements, et ainsi identifier les variables de l’équation pour apporter des changements ciblés. L’exercice de la rationalité place aux commandes de l’existence, et c’est seulement avec les bonnes prises de conscience que l’intuition s’aiguise.
On peut visualiser le cheminement de la vie sur un plan cartésien, où la droite connaît des hauts et des bas. La fonction étant représentée par l’intuition qui se développe avec l’expérience, les événements deviennent des phénomènes selon leur récurrence, c’est pourquoi l’affûtage de l’intuition par la compréhension des affects est libérateur; l’observation critique des réactions, avec une rigueur scientifique, augmente la compréhension de la personnalité, jusqu’à être maître de son destin.
Étant donné que chaque action dépend de choix, et que ceux-ci sont parfois précipités (surtout dans cette époque de l’immédiat), la juste compréhension de la position est essentielle à l’identification des différentes possibilités, afin d’établir une planification de la trajectoire. En revanche, l’intuition inexpérimentée peut être trompeuse: puisque le corps économise ses efforts, les moyens instinctivement adoptés pour répondre aux affects peuvent être influencés par une pression si la cause du comportement n’est pas éclairée.
L’éducation apparaît alors comme un fondement d’inspiration, puisqu’elle permet de trouver une autonomie dans la compréhension des phénomènes, donc une utilisation ergonomique des ressources pour assurer la croissance. Les réactions sont ainsi en cohérence aux intentions d’origine, et les risques de se détourner des objectifs diminuent. La connaissance est alors la richesse ayant le plus de valeur, bien que la mise en pratique des apprentissages ne soit pas simple, même en sachant ce qui est la meilleure chose à faire, un océan de difficulté nous en éloigne, et c’est en le naviguant que le sens de la vie prend forme.
Ludovic Lemay