La grève, c’est aussi pour améliorer vos conditions d’études !
par Frédérick Durand, 3e vice-président à l’information et à la mobilisation Syndicat des professeures et professeurs du cégep de Trois-Rivières
Il fut une époque pas si lointaine où trouver de l’information demandait des heures de recherche : on devait se déplacer, consulter des journaux en papier, prendre des notes… Aujourd’hui, le défi a changé de forme. Il faut désormais trier l’information, identifier des sources fiables et se poser les bonnes questions.
Beaucoup d’interrogations ont émergé au sujet de la grève des travailleuses et travailleurs du Front commun (420 000 personnes). Pourquoi y a-t-il des mandats de grève pouvant aller jusqu’à la grève générale illimitée ? Au-delà du retard salarial de 11,9 % combiné à des offres patronales de 10,3 %, nettement en dessous de l’inflation prévue au cours des cinq prochaines années (17,7 %), quelles sont les autres raisons qui motivent l’exercice de ce moyen de pression ? En quoi la grève des professeur.e.s concerne-t-elle la population étudiante du cégep de Trois-Rivières ?
Nombre d’informations parfois contradictoires ont circulé sur ces aspects. Cet article souhaite éclaircir la situation et vous présenter un court bilan des principaux enjeux.
Pourquoi faire la grève ?
La grève est considérée comme le moyen de pression ultime. Elle survient quand tous les autres moyens de pression ont échoué. La négociation actuelle dure depuis plus d’un an. Plus de soixante réunions de négociation ont eu lieu ! Malheureusement, rien n’avance malgré le fait que beaucoup de moyens ont été utilisés, dont un rassemblement national du Front commun, des actions dans des bureaux de député.e.s, des comités d’accueil lors de visites de ministres, des conférences de presse, etc. Or, puisque nous désirons tous et toutes (le gouvernement comme nous !) signer AVANT les fêtes une convention collective juste et équitable qui viendra consolider les conditions de travail et d’enseignement de VOS profs, le temps d’augmenter la pression est venu.
Nos gains sont ceux des futures générations, dont la vôtre
Nous négocions avec l’idée que plusieurs de nos diplômé.e.s travailleront dans le secteur public et bénéficieront du travail des services publics. Nous avons l’avenir de nos étudiant.e.s en tête autant que le nôtre.
Ressources pour la tâche et la réussite étudiante
Lorsqu’un nombre élevé d’étudiant.e.s est regroupé dans une même classe, le contact est nécessairement moins personnalisé. L’encadrement et l’accompagnement deviennent plus complexes. Certain.e.s étudiant.e.s peuvent aussi ressentir de l’anxiété. Le climat d’apprentissage n’est donc pas favorisé.
Soutien à la réussite
Parmi les demandes adressées au gouvernement par le comité de négociation, mentionnons un soutien supplémentaire pour les étudiant.e.s à besoins particuliers et les étudiant.e.s en situation de handicap.
Éclatement des plages horaires
L’éclatement des plages horaires est un risque réel, car il s’agit d’une demande patronale. De quoi s’agit-il au juste ? D’un souhait du gouvernement d’ajouter des cours en soirée, mais aussi des stages de fin de semaine en journée et en soirée.
Réduire la précarité (par exemple, la difficulté d’avoir une permanence, d’être à temps complet, de séparer la tâche pour un jeune prof qui enseigne dans deux collèges différents)
40 % des profs du réseau n’ont pas leur permanence et ne savent pas d’avance s’ils/elles enseigneront au cours de la prochaine session ! C’est difficile de persévérer dans la profession enseignante dans un tel contexte d’incertitude. Or, le besoin de nouveaux profs est réel et a largement été documenté. Il est important de s’assurer une relève. Cela passe par des conditions d’emploi intéressantes.
Les conditions de travail des profs affectent-elles la population étudiante d’autres façons ?
Les conditions de travail des profs entraînent des répercussions directes sur les conditions d’études. Elles exercent notamment des conséquences sur la disponibilité pour l’accompagnement individuel, tant en classe que hors classe. La demande de ressources pour les stages est aussi liée à ces préoccupations. La prise en compte des différentes tâches effectuées par les profs permet d’obtenir du temps pour la préparation et la mise à jour des cours, des stages et des autres activités d’enseignement. La reconnaissance du travail effectué par les profs permet également d’accorder plus de temps à leur engagement dans les activités hors classe ou à l’accompagnement de projets étudiants.
Disciplines évolutives (qui évoluent rapidement) : ressources pour le maintien à jour de l’expertise
Vos profs veulent vous transmettre des connaissances à jour. Or, les connaissances évoluent très vite dans certaines disciplines, par exemple l’informatique ou le Génie électrique. Il est donc essentiel que vos profs disposent des ressources nécessaires pour être informé.e.s de toutes les nouveautés dans leur domaine pour qu’ils et elles puissent vous les transmettre en classe.
Une partie de nos demandes concernent divers engagements sociaux, comme le souhait de reconnaître la CRISE CLIMATIQUE et d’agir concrètement en conséquence
Les négociations abordent donc aussi plusieurs enjeux collectifs importants.
Solidarité envers les autres employé.e.s du collégial
Nous sommes solidaires des autres secteurs en négociation. Les conditions de travail des autres employé.e.s des cégeps ont un impact important sur votre expérience de vie au quotidien, qu’on pense aux divers services offerts et au maintien du fonctionnement de nos établissements (services adaptés, bibliothèque, orientation, soutien informatique, entretien des bâtiments, services culturels et sportifs, etc.).
La grève risque-t-elle d’annuler ma session ?
Ce scénario est très peu probable, car il ne s’est jamais produit auparavant, malgré l’existence de mouvements semblables lors des 55 dernières années. Par ailleurs, la session est déjà bien entamée.
Bilan et suggestions
Nous venons de le voir, les conditions de travail et les conditions d’études sont étroitement liées. Nous sommes donc convaincu.e.s que les liens de solidarité tissés entre le personnel des cégeps et la population étudiante nous renforceront mutuellement dans la défense des aspects importants de notre milieu de travail et d’études.
Il existe différentes façons de manifester votre appui :
- Porter ou afficher un visuel associé à la négociation (un autocollant, par exemple) ;
- Vous informer sur les enjeux de la négociation, par exemple en consultant le site www.profsennego.com ;
- Discuter des enjeux de la négociation, de votre perception des cégeps, des services publics et de la grève avec vos proches ;
- Venir nous appuyer en personne à l’occasion des actions syndicales, en particulier lors des journées de grève.
Nous demeurons disponibles pour répondre à vos questions et échanger avec vous. Gardons à l’esprit que nous travaillons pour des bénéfices communs !
